DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION - C
Luc 19, 28-40 – Isaïe 50, 4-7 – Ph 2, 6-11 – Luc 22, 14-23, 56
Médiateur de Dieu et des hommes, l’homme Jésus-Christ qui, devant souffrir pour le salut du genre humain, était descendu des cieux sur la terre, voulut, quand approcha l’heure de sa passion, s’approcher du lieu de sa passion, afin de rendre évident par là que ce n’était pas malgré lui, mais librement, qu’il souffrirait. Il voulut venir sur un âne, être appelé roi et acclamé par la foule, justement pour que chacun, instruit par là, reconnût qu’il était bien le Christ, qu’une ancienne annonce prophétique avait désigné en celui qui viendrait ainsi en ce lieu.
Cinq jours avant la Pâque, comme nous l’avons appris de l’évangile de Jean, afin de montrer justement par là qu’il était l’agneau sans tache, qui enlèverait les péchés du monde. En effet, l’immolation de l’agneau pascal libéra le peuple d’Israël de la servitude égyptienne. Il fut prescrit de le choisir cinq jours avant la Pâque, c'est-à-dire le dixième jour du mois, et le quatorzième jour au soir, de l’immoler : il était le signe de celui qui devait nous racheter par son sang et qui, cinq jours avant la Pâque, c'est-à-dire aujourd’hui, escorté de l’immense joie et de la louange d’une foule qui le précédait et le suivait, vint au temple de Dieu; et chaque jour il était là, il enseignait.
Le Seigneur donc, comme l’agneau pascal, cinq jours avant de commencer à souffrir gagna le lieu de sa passion, afin de faire connaître que c’était bien à son sujet qu’Isaïe prédit : Comme la brebis, il est conduit à l’abattoir et comme l’agneau devant celui qui le tond, il perd la voix et n’ouvrira pas la bouche. Et un peu plus haut : Quant à lui, il a été blessé à cause de nos iniquités, et par ses meurtrissures, nous avons été guéris. Mais l’esprit des chefs était hostile à tout ce qu’en sa prescience il accomplissait : ils préférèrent le poursuivre plutôt que de croire en lui, et, les malheureux, ils cherchaient à livrer à la mort l’auteur de la vie, plutôt que d’en recevoir eux-mêmes la vie.
Quant à nous, écartant l’aveuglement des gens sans foi, suivons plutôt l’exemple de ceux qui avec foi ont acclamé le Seigneur. Son chemin est mystère : explorons-le, comme il convient, dans le sens du mystère. L’ânesse et l’ânon qu’il monte en venant à Jérusalem désignent parmi les deux peuples, c'est-à-dire évidemment parmi les Juifs et les gentils, ceux qui ont le cœur droit : il les guide en personne et, les retenant par la bride de sa souveraineté loin d’une liberté néfaste, il les conduit à la vision de la paix d’en haut. Jérusalem, en effet a le sens de « vision de paix. »
Saint Bède le Vénérable